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Le Nom-du-Père selon Lacan : Métaphore paternelle, loi symbolique et structuration du sujet

Le Nom-du-Père selon #Lacan : signifiant de la loi symbolique qui structure le sujet comme être désirant. Déclin moderne de l'imago paternelle et clinique des suppléances. #psychanalyse #métaphoreparternelle

Jacques Lacan : une relecture psychanalytique du sujet, du langage et du désir

Le concept du "Nom-du-Père" occupe une place centrale dans l'enseignement de Jacques Lacan. Il désigne la fonction paternelle en tant qu'instance symbolique qui introduit le sujet à l'ordre du langage et du désir. Par la "métaphore paternelle", le Nom-du-Père vient signifier à l'enfant que le désir de la mère est référé à un au-delà, à une loi qui fait limite à la jouissance. Ce concept éclaire le rôle crucial du père dans la structuration subjective et la constitution du sujet comme être désirant et manquant. Nous explorerons ici la portée de ce concept, ses implications cliniques ainsi que les enjeux posés par le déclin moderne de l'imago paternelle.

Le Nom-du-Père comme signifiant de la loi symbolique

Le père symbolique au-delà du père réel : Pour Lacan, la fonction paternelle ne se réduit pas au père de la réalité. Le père symbolique est une fonction, un signifiant qui représente la loi et l'interdit de l'inceste. Il ne se confond pas nécessairement avec le géniteur. C'est le père mort de Totem et Tabou, celui dont le meurtre fonde rétroactivement son autorité de législateur. Le Nom-du-Père est le signifiant de cette fonction symbolique qui instaure un ordre et régule le désir.

La métaphore paternelle : La "métaphore paternelle" désigne la substitution signifiante par laquelle le Nom-du-Père vient à la place du désir énigmatique de la mère. Là où l'enfant s'identifiait imaginairement au phallus pour combler le manque dans l'Autre maternel, le signifiant paternel lui signifie que la mère est elle-même assujettie à la loi du désir. Par cette opération symbolique, l'enfant renonce à être le phallus maternel et accède à la dimension du manque qui cause son désir. Le Nom-du-Père est l'opérateur de la castration symbolique.

Nom-du-Père et structuration subjective

L'avènement du sujet de l'inconscient : Par la métaphore paternelle, l'enfant passe du statut d'objet du désir de l'Autre à celui de sujet de l'inconscient. Le Nom-du-Père barre le grand Autre maternel et permet au sujet de se constituer comme être séparé, manquant, désirant. Il introduit une perte de jouissance (castration) qui est la condition de l'émergence du sujet. L'assujettissement à l'ordre symbolique est libérateur : il permet au sujet d'advenir comme être parlant.

La triangulation oedipienne : Le Nom-du-Père instaure la triangulation oedipienne en privant l'enfant de la jouissance de la mère et en le soumettant à la loi du père. Il introduit une distance entre la mère et l'enfant, un écart symbolique qui les sépare et les différencie. Cette séparation est la condition de la structuration du désir et de l'accès à la position sexuée. Le complexe d'Oedipe se résout par l'intériorisation de l'interdit paternel et l'identification au père comme idéal du moi.

Déclin de l'imago paternelle et clinique des suppléances

Evolutions de la famille et déclin social du patriarcat : Les évolutions sociales de la famille moderne (déclin du patriarcat, pluralisation des modèles familiaux) ont ébranlé les repères symboliques de la fonction paternelle. Lacan diagnostique un "déclin social de l'imago paternelle" qui confronte le sujet contemporain à une carence de l'ordre symbolique. La clinique rencontre de plus en plus de sujets aux prises avec une inconsistance de la fonction phallique, une difficulté à se situer par rapport à la castration et à la différence des sexes.

Suppléances et inventions singulières : Face à cette carence du Nom-du-Père, la direction de la cure vise à permettre au sujet d'inventer ses propres suppléances, de bricoler des solutions singulières pour pallier au manque de l'Autre. Il s'agit d'accompagner le sujet pour qu'il construise un nouage borroméen qui fasse tenir ensemble les registres du réel, du symbolique et de l'imaginaire. La psychanalyse mise sur les ressources créatives de l'inconscient et la capacité du parlêtre à inventer de nouveaux Noms-du-Père.

Conclusion

Le Nom-du-Père est un concept majeur de la théorie lacanienne qui éclaire la fonction structurante du père symbolique. Par la métaphore paternelle, il permet au sujet de s'arracher à la jouissance mortifère de l'Autre maternel et d'advenir comme sujet désirant. Si le déclin moderne de l'imago paternelle confronte la clinique à de nouvelles formes de souffrance, la psychanalyse mise sur l'inventivité du sujet pour construire des suppléances singulières. Face aux mutations de la famille, elle maintient le cap d'une référence à l'ordre symbolique comme condition de la subjectivation.

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