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Les stades du développement psychosexuel : une théorie fondamentale de Freud

Du stade oral au stade génital, comment se construit notre personnalité selon #Freud ? Un article passionnant pour comprendre les enjeux psychologiques de chaque étape du développement. #psychanalyse #developpementenfant

Sigmund Freud, fondateur de la psychanalyse, a révolutionné notre compréhension du développement psychologique de l'être humain. Sa théorie des stades psychosexuels est l'une des pierres angulaires de son œuvre. Selon lui, la personnalité se construit progressivement durant l'enfance, en passant par différentes étapes focalisées chacune sur une zone érogène particulière. La manière dont l'enfant traverse ces stades, entre gratifications et frustrations, laissera une empreinte durable sur son caractère et ses relations à l'âge adulte. Plongeons-nous dans la description de ces différents stades qui jalonnent les premières années de vie, de la naissance à l'adolescence.

I. Le stade oral (de la naissance à 18 mois environ)

A. Une zone érogène buccale source de plaisir

Pendant sa première année, le bébé est centré sur les sensations procurées par sa bouche. Téter le sein ou le biberon lui apporte un plaisir qui dépasse la simple satisfaction de la faim. La stimulation de la zone orale par la succion est source de réconfort et d'apaisement pour le nourrisson. Freud parle d'un plaisir auto-érotique car le bébé n'a pas encore conscience que ce plaisir lui est procuré par un autre (en l'occurrence sa mère). Les activités comme sucer son pouce ou un objet (tétine) s'inscrivent dans cette recherche de plaisir oral.

B. Une relation fusionnelle à la mère

À ce stade précoce, le bébé est dans un état de dépendance absolue à sa mère nourricière. Il ne différencie pas encore son corps de celui de sa mère et vit avec elle une relation de fusion. La mère, par sa façon de nourrir et de répondre aux besoins de l'enfant, joue un rôle fondamental dans la structuration de sa personnalité. Un maternage suffisamment bon, alliant tendresse et fermeté, permet à l'enfant d'éprouver un sentiment de sécurité de base. À l'inverse, des carences ou des excès dans les soins peuvent être vécus comme des expériences traumatiques.

C. Les fixations possibles au stade oral

Freud postule que si l'enfant vit des frustrations ou des gratifications excessives au stade oral, il peut rester fixé à ce mode de fonctionnement. Une fixation au stade oral pourrait se traduire à l'âge adulte par des traits de personnalité spécifiques. Un individu avec une personnalité orale garderait un besoin intense de dépendance affective, chercherait constamment à être rassuré et pris en charge. Il pourrait aussi développer une tendance à la crédulité excessive, gobant les paroles d'autrui sans esprit critique. À l'inverse, des frustrations massives au stade oral engendreraient des personnalités pessimistes, méfiantes, ayant du mal à faire confiance.

Lire aussi : Le stade oral selon Freud : une étape clé du développement

II. Le stade anal (de 18 mois à 3 ans environ)

A. Maîtrise sphinctérienne et plaisir anal

Avec la maturation physiologique, le jeune enfant acquiert le contrôle de ses sphincters et découvre les sensations liées à la rétention et l'expulsion des selles. L'apprentissage de la propreté met l'accent sur cette nouvelle compétence. L'enfant prend conscience du pouvoir lié à la maîtrise de ses besoins. Il peut décider de retenir ou de lâcher à sa guise, ce qui lui procure un plaisir auto-érotique. Les sensations anales deviennent une nouvelle source d'excitation libidinale.

B. Affirmation de soi et opposition

Le stade anal est marqué par des enjeux de contrôle et d'autonomie. L'enfant affirme son individualité naissante, notamment en s'opposant à son entourage. Il peut faire ses besoins quand il le décide, et pas forcément au moment où l'adulte le lui demande. Les "non" répétés du tout-petit s'inscrivent dans cette dynamique d'affirmation de soi. L'enfant prend aussi plaisir à contrôler ses jouets, à les agencer ou les détruire. Il teste son pouvoir sur le monde qui l'entoure.

C. Traits de caractère anal

Une fixation au stade anal se retrouverait chez des adultes présentant des traits de personnalité obsessionnels. Un caractère "anal" se traduirait par un goût excessif pour l'ordre, la propreté, l'économie ou l'entêtement. L'analité renverrait inconsciemment au désir de tout contrôler, de retenir, de ne rien laisser échapper. À l'inverse, une personnalité marquée par le laisser-aller, le gaspillage ou la provocation pourrait être vue comme une forme d'analité inversée, en réaction à un dressage trop strict à la propreté.

A lire aussi : Le stade anal : une étape clé du développement psychosexuel

III. Le stade phallique (de 3 à 6 ans environ)

A. Découverte des organes génitaux

Entre 3 et 6 ans, l'enfant explore son corps avec curiosité et découvre le plaisir procuré par les sensations génitales. Il prend conscience des différences anatomiques entre filles et garçons. À cet âge, les enfants s'adonnent à des jeux sexuels (comme jouer au docteur) et se montrent très intéressés par la vie sexuelle des adultes. Les garçons découvrent les érections et les filles les lubrifications vaginales. Freud postule qu'à ce stade, garçons et filles croient que tout le monde a ou devrait avoir un pénis (primauté du phallus).

B. Le complexe d'Œdipe

C'est durant le stade phallique que se joue le fameux complexe d'Œdipe conceptualisé par Freud. L'enfant éprouve inconsciemment un amour exclusif pour le parent du sexe opposé et perçoit l'autre parent comme un rival. Chez le garçon, le complexe d'Œdipe se manifeste par un désir de possession de la mère et une hostilité à l'égard du père vécu comme un concurrent. Il s'imagine dans une relation amoureuse avec sa mère. Chez la fille, Freud parle de complexe d'Électre : la petite fille est amoureuse de son père et jalouse sa mère.

C. Angoisse de castration et envie du pénis

Le garçon finit par renoncer à son amour pour sa mère car il craint inconsciemment d'être puni par son père, d'être castré (angoisse de castration). Pour apaiser cette angoisse, il abandonne ses désirs œdipiens, s'identifie à son père et intériorise son autorité. Freud pense que la résolution du complexe d'Œdipe est plus aisée chez le garçon car il a un pénis et peut s'identifier au parent rival. Chez la fille, le complexe d'Œdipe est précédé par l'envie du pénis. En découvrant son absence de pénis, elle l'interprète comme une punition, reproche inconsciemment à sa mère de l'avoir faite "incomplète". Elle investit alors son père, espérant recevoir de lui un pénis puis un bébé.

D. Déclin du complexe d'Œdipe

Le déclin du complexe d'Œdipe chez le garçon est motivé par l'angoisse de castration. En s'identifiant à son père, il renonce à son amour exclusif pour sa mère et accepte la loi du père. Il intériorise les interdits parentaux sous la forme d'une instance morale, le Surmoi. Chez la fille, la résolution de l'Œdipe passe par l'identification à la mère. Elle accepte sa féminité et son absence de pénis, en espérant recevoir plus tard un enfant du père. Le Surmoi de la fille se construirait sur un mode plus souple et graduel que celui du garçon.

A lire aussi : Le stade phallique : une étape clé du développement psychosexuel selon Freud

IV. La période de latence (de 6 ans à la puberté)

A. Mise en veille des pulsions sexuelles

Après le déclin du complexe d'Œdipe, l'enfant entre dans une période de latence qui s'étend jusqu'à la puberté. Les pulsions sexuelles sont temporairement mises en veille, refoulées dans l'inconscient. L'énergie libidinale est sublimée, c'est-à-dire détournée vers des buts non sexuels, socialement valorisés. L'enfant investit les apprentissages intellectuels, le sport, les loisirs créatifs. Il développe ses compétences motrices, cognitives et sociales. Les pulsions sexuelles ne s'expriment plus que de façon détournée, sous forme de tendresse, d'affection ou d'amitié.

B. Refoulement et sublimation

Pour Freud, le refoulement des désirs œdipiens est nécessaire pour permettre à l'enfant de s'ouvrir au monde social et culturel. Il développe des mécanismes de défense pour maintenir ses pulsions inconscientes à distance. La sublimation est le mécanisme par lequel la pulsion sexuelle est détournée vers une activité non sexuelle, socialement valorisée. Ainsi, un enfant pourra sublimer une pulsion agressive dans le sport ou un désir voyeuriste dans la peinture. La période de latence favorise l'intégration des exigences morales et l'adaptation à la réalité.

A lire aussi : La période de latence : un temps de pause dans le développement psychosexuel

V. Le stade génital (à partir de la puberté)

A. Réveil pulsionnel et maturation pubertaire

La puberté marque la fin de la période de latence. Sous l'effet des changements hormonaux, les pulsions sexuelles refont surface avec une intensité nouvelle. Les transformations corporelles s'accompagnent d'une réactivation du complexe d'Œdipe qui doit être à nouveau refoulé. L'adolescent doit se détacher de ses premiers objets d'amour (les parents) et diriger sa libido vers des partenaires non incestueux. La maturation pubertaire permet l'émergence d'une sexualité génitale adulte, orientée vers la recherche du plaisir dans la rencontre avec l'autre.

B. Investissement d'objets d'amour extra-familiaux

Au stade génital, l'adolescent cherche à séduire et à nouer des relations amoureuses en dehors du cercle familial. Il revit sur un mode plus génital les enjeux des stades précédents. Les pulsions partielles prégénitales (orales, anales et phalliques) sont unifiées sous le primat des organes génitaux. L'adolescent apprend à intégrer tendresse et sensualité dans ses relations. Il passe par des expériences amoureuses plus ou moins heureuses qui l'aident à construire son identité sexuée.

C. Vers une génitalité adulte épanouie

Pour Freud, l'aboutissement d'un développement psychosexuel harmonieux est l'accès à une génitalité adulte épanouie. Cela suppose d'avoir traversé les différents stades en surmontant les conflits inhérents à chacun. Une personne ayant atteint la maturité génitale est capable de relations amoureuses fondées sur la réciprocité, le partage du plaisir et le respect de l'autre. Elle a intégré sa bisexualité psychique et est suffisamment à l'aise avec son identité masculine ou féminine. Une génitalité épanouie favorise des relations durables où amour et désir se conjuguent de façon créative.

A lire aussi : Le stade génital : vers une sexualité adulte épanouie

Conclusion

La théorie des stades psychosexuels de Freud offre une modélisation du développement psychoaffectif de l'enfant. Chaque stade confronte l'enfant à des enjeux pulsionnels et relationnels spécifiques qui participent à la construction de sa personnalité. Une traversée problématique d'un stade, marquée par des fixations ou des traumatismes, pourra colorer certains traits de caractère à l'âge adulte. Si ce modèle peut paraître trop schématique et daté sur certains aspects, il a le mérite de mettre en lumière l'importance des premières relations et de la vie psychique infantile. Des auteurs post-freudiens ont affiné et enrichi cette théorie, mais elle demeure une référence incontournable en psychanalyse. Au final, une connaissance des stades psychosexuels aide à mieux comprendre les aléas de la construction identitaire et relationnelle de chaque sujet.

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