Le maintien d'une relation intime saine est un défi auquel sont confrontés les couples du monde entier et dont la complexité découle d'une multitude de facteurs. Dans une étude approfondie, les chercheurs Menelaos Apostolou et Yan Wang ont cherché à comprendre ce qui rend le maintien d'une relation intime si difficile. Leurs conclusions, tirées d'un important échantillon binational de 1 403 participants de Grèce et de Chine, offrent un aperçu unique des obstacles universels et spécifiques à chaque culture auxquels les couples sont confrontés.
La prémisse de l'étude repose sur la reconnaissance des taux élevés de divorce et de la prévalence du célibat involontaire en tant qu'indicateurs que les relations intimes sont en effet semées d'embûches. Apostolou et Wang se sont plongés dans ces complexités, classant un total de 78 difficultés en 13 facteurs distincts. Parmi les problèmes communs qui sont apparus, citons l'étroitesse d'esprit, les horaires de travail prolongés et l'incapacité à s'assurer du temps et de l'espace personnels, autant de facteurs qui semblent mettre à rude épreuve les partenariats.
L'une des conclusions les plus frappantes est la différence entre les sexes en ce qui concerne la perception de la tension dans la relation : les femmes sont plus touchées par la promiscuité, tandis que les hommes trouvent que les mauvaises expériences sexuelles sont plus pénibles. Ces résultats sont encore plus nuancés en fonction de l'âge, les participants plus âgés citant la baisse d'enthousiasme, l'infidélité et les défis parentaux comme des problèmes majeurs, tandis que les jeunes se débattent davantage avec l'espace personnel et les traits de caractère.
L'aspect interculturel de l'étude est particulièrement éclairant. Malgré les différences entre les cultures grecque et chinoise, la lutte pour maintenir des relations intimes a révélé des schémas sous-jacents similaires dans les deux pays. Néanmoins, les nuances culturelles se manifestent dans les différents degrés d'importance attribués à certains facteurs. Par exemple, les participants chinois ont mis l'accent sur le manque d'effort comme un problème important, tandis que les Grecs ont souligné les problèmes de caractère comme une préoccupation majeure. Ces disparités soulignent l'impact profond du contexte culturel sur la dynamique des relations.
Cette étude examine également les tensions entre les stratégies d'accouplement monogames et non monogames, mettant en lumière les fondements évolutifs des conflits relationnels. La jalousie et l'infidélité, les actes de violence et les dépendances sont considérés comme des facteurs qui ont évolué pour surveiller le partenaire, mais qui peuvent causer la discorde plutôt que l'harmonie dans les relations modernes. Cela met en évidence le tiraillement permanent entre les anciennes pulsions humaines et les exigences radicalement différentes de la société contemporaine.
Les longues heures de travail sont apparues comme un défi universel pour les couples, ce qui est révélateur d'une tendance sociétale plus large où les exigences professionnelles empiètent de plus en plus sur la vie personnelle. Il ne fait aucun doute que le stress lié à la nécessité de jongler avec les responsabilités professionnelles et relationnelles est un thème récurrent dans l'histoire de l'amour et du partenariat modernes.
Pourtant, ce ne sont pas seulement les pressions extérieures qui font peser un poids sur la balance de l'équilibre relationnel. L'étude révèle que les dynamiques internes, telles que l'affaiblissement de l'enthousiasme au fil du temps et la diminution de la compatibilité sexuelle, sont des facteurs tout aussi déterminants. Ces facteurs, malléables en fonction de l'âge et de la durée de la relation, suggèrent la nécessité d'un effort et d'une adaptation continus de la part des deux partenaires pour entretenir la flamme romantique.
La recherche s'est également intéressée à l'inadéquation potentielle entre nos adaptations évolutives et le paysage sociétal actuel. Ce "problème d'inadéquation" implique que nous sommes équipés de mécanismes de protection du partenaire adaptés à l'ère préindustrielle, qui peuvent ne pas fonctionner de manière optimale dans le climat social radicalement différent d'aujourd'hui, ce qui entraîne des tensions supplémentaires dans les relations.
En examinant les différences entre les sexes, on constate que les hommes sont généralement plus confrontés aux contraintes de la non-monogamie que les femmes. Il est intéressant de noter que le degré de cette différence entre les sexes varie entre les participants grecs et chinois, ce qui reflète probablement des influences culturelles telles que le déséquilibre du ratio hommes-femmes en Chine.
Il est important de noter que si l'étude présente un panorama stimulant des obstacles aux relations, elle n'est pas sans limites. Le recours à l'autodéclaration soulève des inquiétudes quant à l'exactitude et à l'honnêteté des réponses des participants. En outre, la technique d'échantillonnage non probabiliste pourrait limiter la généralisation des résultats.
Les complexités identifiées dans cette étude appellent une attention renouvelée sur les ressources relationnelles, les nuances culturelles et les différences individuelles. Il est essentiel de comprendre les multiples facettes de ces défis, tant pour les praticiens que pour les individus, alors qu'ils naviguent sur les eaux agitées du maintien des relations intimes dans notre monde en évolution rapide.
En résumé, la recherche d'Apostolou et Wang met en lumière les défis complexes et divers que pose le maintien de l'intimité dans les relations. L'étude souligne que si les travaux de l'amour sont en effet universels, les lentilles culturelles à travers lesquelles ils sont perçus et vécus ajoutent des couches de complexité qui exigent une compréhension plus profonde si les couples veulent surmonter avec succès les tempêtes de l'intimité.
Article référence : What makes It Difficult to keep an Intimate Relationship: Evidence From Greece and China
